Pour décrire en quelques mots mon élan, mon inspiration, ma volonté de créer au sein et avec la team Grifasi, je veux relater un des faits marquants de ma vie : J’ai toujours eu l’intuition qu’il manquait un niveau à la psy et je l’ai compris quand j’ai fait la rencontre d’un patient au sein de l’hôpital psychiatrique dans lequel je vivais et faisais mes études. Sa réputation était liée à ce médecin psychiatre devenu paraplégique après qu’il l’eut poignardé pendant un entretien. Ce patient aux multiples personnalités venait d’arriver pour des examens médicaux d’une unité psy sécurisée, dans le pavillon où je me trouvais stagiaire.
Placé d’emblée en chambre d’isolement, je le regarde curieuse, un peu fébrile, à travers le hublot. A cette époque j’avais 18ans. Il ne semblait pas avoir conscience de ce qui l’entourait, passait d’une voix à une autre, une petite fille frêle, un homme à la voix caverneuse, une femme effrayée…
C’était un homme de la quarantaine, assez grand, brun, le teint gris, assis sur l’unique mobilier qui composait sa chambre, un lit simple.
Son corps raidi paraissait être le caisson de raisonnance de toutes ces voix, vidé de tout esprit qui pourrait lui donner conscience, une lourdeur, une profonde lourdeur s’installait peu à peu. J’ai senti qu’il ne s’agissait plus de maladie mais d’autre chose , je me sentais glacée et fascinée, puis une sensation de danger, de peur, l’homme tourne la tête, son regard vide et en même temps plein d’une froideur pénétrante croise le mien. Je recule et me soustrais à sa vue, le coeur battant.
Quelques années après, me voici donc enfin à scruter l’invisible, celui que j’aurais aimé voir ce jour là, celui qui m’avait enveloppé de ses fréquences quelque peu désagréables. Il s’est passé des décennies donc, j’ai eu plusieurs vies professionnelles, pétries d’expériences diverses et opposées, pour que mes pas me mènent enfin, là où la limite n’est toujours pas tracée, comme je vous le disais en commençant, dans cette exaltante création qu’est la team Grifasi.